Le dernier sabotier du Finistère

Le dernier sabotier du Finistère

C’est une histoire franchement pas banale que la transmission du savoir-faire d’artisan sabotier. A Riec-sur-Bélon, dans le Finistère, à la saboterie de Cornouaille, ça sent bon l’air iodé mêlé de bois et de sciure de hêtre. On y rencontre Claude, sabotier depuis 10 ans, reconverti après une carrière dans l’aéronautique.

Originaire de La Rochelle, Claude Pelletier souhaitait se consacrer à l’artisanat et à un savoir-faire rare. Quand il lit dans la presse qu’à Riec-sur-Bélon, un sabotier cherche repreneur, il n’hésite pas et a un véritable coup de coeur pour ce métier. Il fait obtenir à la saboterie de Cornouaille le précieux label Entreprise du patrimoine vivant (EPV).

Etapes de fabrication :

Les sabots sont faits en hêtre de la région, « plus lourd et plus résistant » nous dit Claude. Le hêtre doit être stocké à l’abri du soleil pour garder toutes ses caractéristiques. Il durcit avec l’humidité. Le sabot se travaille dans un bois vert, encore plein de sève.

Une paire de sabots est taillée et tournée dans une « rouelle » de bois. L’épaisseur de la tranche est calculée en fonction de la pointure souhaitée. Pour transformer les pièces en sabot, on utilise deux machines centenaires. « La copieuse » va réaliser la forme extérieure du sabot, puis « la creuseuse » pour la forme intérieure. Il faut 2 heures pour confectionner une paire de sabots.

Ensuite place au séchage, étape cruciale pour que le sabot durcisse et soit solide. Pour sécher le sabot, on utilise la technique de fumage avec des copeaux de hêtre qu’on appelle le dessévage. Comme pour le poisson ou les andouilles de Baye, la commune voisine,  les paires de sabots sont placées dans un fumoir. Il faut compter 6 mois pour que le sabot sèche intégralement.

Ensuite place au ponçage, peinture, pose des pièces de cuir et marquage (chaque sabotier sculpte sa propre marque, signe de reconnaissance).

2.000 paires de sabots sont réalisées par an dans cet atelier. Elles sont vendues sur place ou via une chaîne de magasins bio, mais aussi directement par internet et envoyées dans le monde entier.

Simone et Denise, des clientes qui n’ont pas les 2 pieds dans le même sabot

A peine avions-nous fait la connaissance de Claude le sabotier, qu’arrivent dans la boutique-atelier Simone et Denise, 87 et 91 ans. Les 2 amies, bon pied bon œil, un solide accent breton et la langue bien pendue, sont  agricultrices à Coray, village voisin . Elles ont fait la route en voiture pour choisir leurs sabots « pour les 20 prochaines années« , nous disent-elles en riant et avec un regard plein de malice. Ce sera même 2 paires pour Simone, une pour le jardinage et une plus élégante ! Très habituées, elles sont venues équipées de leurs chaussons que l’on garde aux pieds pour enfiler les sabots. « Ainsi c’est confort, facile à enfiler pour sortir dans le jardin et rapide à enlever, on n’a jamais froid et on ne salit pas la maison quand on rentre des champs », expliquent-elles avec conviction.

Nous rencontrons aussi Didier, venu de Baye pour demander des copeaux de hêtre pour fumer saucisses et poissons. Rien de mieux pour donner ce si bon goût, nous dit-il. Ici, rien ne se perd, tout est récupéré et recyclé.

La transmission du  savoir-faire

Il n’y a plus de formation de sabotier en France depuis 1962. Claude pense désormais à prendre sa retraite, mais pas avant de s’être assuré que le savoir-faire précieux et unique qu’il détient sera transmis et valorisé encore de nombreuses années. Il va céder son entreprise à Michel Cousin. Mais avant cela, ils vont passer 6 mois à travailler ensemble. Une délocalisation…locale, car Michel emportera machines et savoir-faire à Saint-Pol-de-Léon, tout au nord du Finistère !

Un savoir-faire sauvé par Michel, qui a trouvé franchement chaussure ou plutôt sabot à son pied !

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