Les poteries d’Albi, une entreprise franchement bien au grand cœur. Elle n’a pas hésité à recruter un potier syrien, réfugié politique.
De la brique à la poterie
Albi, la ville rouge ! Rouge car la brique et les tuiles sont omniprésentes dans cette cité épiscopale classée au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est dans cette ville du Tarn que Lore Camillo représente la cinquième génération des poteries d’Albi.
A l’origine, l’entreprise est une briqueterie, nous sommes en 1891 quand elle voit le jour. Dans cette région l’argile est y abondante. C’est en 1962, que la quatrième génération décide de faire évoluer l’entreprise. Des pots car cette argile cuite a une forte porosité qui permet un bon développement des plantes et de leurs racines. Un savoir-faire rare, véritables “Trésors vivants” que sont les Maîtres-Potiers et les Émailleurs des Poteries d’Albi. Un savoir-faire humain irremplaçable qui se transmet de maître à élève. Chaque tourneur a son tour, ses formes, ses outils, il en est le seul propriétaire et utilisateur. Tout comme chaque émailleur a ses propres formules, ses oxydes et ses couleurs.
Il n’en fallait pas plus pour que l’entreprise reçoive le label Entreprise du Patrimoine Vivant.
Du talent et du cœur
Cela faisait quelques semaines qu’un « nouveau » client venait se procurer des pains de terre aux poteries d’Albi. Puis, il demanda s’il pouvait faire cuire ses créations dans l’un des fours de la manufacture. Un matin, puis deux, Lore voit ces créations qui ne ressemblent pas aux collections de la Maison. Mais elle est subjuguée par le talent et la richesse de la technique. Les jours et les semaines passent sans qu’elle n’arrive à croiser ce client pas comme les autres dont on ignore tout. Et pour cause, il ne parle pas notre langue.
Quand le destin s’en mêle…
Un matin, Lore Camillo reçoit un appel du CASAR (Comité Albigeois De Solidarité Avec Les Réfugiés). On lui propose d’offrir un stage de 15 jours à un réfugié politique syrien. Il aurait été potier dans son pays …
Dès le premier jour, Lore reconnaît cette patte qu’elle reconnaît entre toutes, le client mystérieux a un prénom, Waël. Les deux se parlent avec les yeux et à travers leur art. Les journées du patrimoine ponctuent son stage, la technique et la passion de ce papa de 4 enfants sont plébiscitées par les visiteurs. Lore ne peut se résoudre à se séparer de ce talent. Elle le recrute en contrat professionnel.
Aujourd’hui, les deux artistes partagent leurs techniques, rêvent à des collections mêlant les styles et les inspirations.