Yves Saint Laurent a bousculé les codes de la haute couture et joué un rôle important dans l’émancipation de la femme. Le smoking en version féminine et sexy, présenté lors d’un défilé a fait sensation, créé un choc, suscité de nombreuses critiques puis un fort engouement.
Un peu d’histoire
C’est lors du défilé automne-hiver 1966-67, qu’une veste à quatre poches boutonnées, un pantalon, droit et court, font sensation mais ne tapent pas réellement dans l’œil des invités. Le complet smoking, qui tient son nom de la veste portée par les hommes dans les fumoirs, bouscule les codes en silence. En 1966, les femmes n’avaient pas le droit de se rendre à leur travail en pantalon. Pour les femmes qui voulaient s’habiller haute couture, il était impensable de sortir le soir autrement qu’en robe longue. Celle-ci était le symbole même de la distinction.
En créant le smoking féminin, Yves Saint Laurent venait de bouleverser les codes fondamentaux de la haute couture. Il a compris que les vêtements d’homme étaient le symbole du pouvoir et que si les femmes s’habillaient avec les vêtements d’homme, les attributs d’un sexe seraient conférés à l’autre.
Il ne s’agissait pas, pour Yves Saint Laurent, de transformer les femmes en hommes. Au contraire, il voulait que les femmes portent des vêtements d’homme pour mettre en valeur leur féminité et leur affirmation de soi.
La réaction du public
La réception du smoking féminin par le public n’a pas été unanime, partagée entre succès et scandale… Le journal américain Women’s Wear Daily a qualifié Saint Laurent de “lanceur de bombes le plus élégant du monde de la mode”.
Malgré le choc initial, les clientes de la haute couture ont peu à peu abandonné leurs a priori et ont finalement compris le pouvoir et la sensualité que le smoking pourrait leur conférer. Très vite, Paco Rabanne, Givenchy et d’autres couturiers ont imité Yves Saint Laurent et ont commencé à créer des vêtements d’homme pour la femme.
Yves Saint Laurent a dédié tout son talent aux femmes : « Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l’homme qu’elle aime. Mais pour celles qui n’ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là. »
Le smoking féminin, alors symbole de révolution et d’émancipation féminine, est devenu aujourd’hui un intemporel, un basique indispensable dans la garde-robe de toutes les femmes.
« Chanel a libéré la femme, Saint Laurent lui a donné le pouvoir. » a dit de lui Pierre Bergé.
Les femmes peuvent lui dire franchement merci !
Mafalda Azevedo
crédit photo : Fondation Pierre Bergé