RE-made in France : relocalisation et économie circulaire au cœur de la relance

Alors que 84% des Français déclarent attendre d’une marque qu’elle contribue à une société meilleure, les acteurs de la mode textile française s’emparent du sujet de la mode circulaire. De nouveaux modèles du produire en France émergent, ainsi que des opportunités créatives et économiques issues de ces reconfigurations de la chaine de valeur. La relance dépend-elle d’un mariage réussi entre relocalisation et économie circulaire ? C’est la question posée lors de la Masterclass du 1er septembre au salon Made in France Première Vision.

L’économie circulaire est, plus que jamais, au centre des préoccupations: les consommateurs exigent toujours plus de transparence, les institutions s’emparent du sujet (avec la loi anti-gaspillage du 20 fevrier 2020 sur l’interdiction de destruction des invendus) et les acteurs de la filière qui souhaitent (re)donner du sens à leur production, nous rappelle Caroline Bianzina du cabinet LEHERPEUR Paris.

L’enjeu de l’économie circulaire est de savoir produire des biens et des services de manière durable en limitant consommation et gaspillage des ressources ainsi que la production de déchets. Thomas Huriez de 1083 est, depuis le début, le plus engagé « l’économie circulaire, pour nous, c’est d’enlever la poubelle, ce n’est pas de la retarder. Faire un produit recyclé qui fait 3 fois le tour de la terre, n’a aucun sens »

La valeur ajoutée de la valeur recyclée en France

On l’a vu, le modèle linéaire : extraire, fabriquer, consommer, jeter … n’est plus soutenable aujourd’hui. 60 milliards de m2 de textiles sont gaspillés par an (perdus à la découpe), soit 15% de la production mondiale annuelle de textile (source IFM).

« La jeunesse a envie d’économie circulaire parce qu’elle a envie de retrouver des matières anciennes  » affirme Marc Pradal, PDG de Kiplay.

« Nous devons jouer sur une logique de filière de l’amont à l’aval pour une mode éco-responsable, c’est la voie de la différenciation » dit Bruno Nahan président de Bugis.

Plusieurs acteurs du textile en France s’approvisionnent déjà de matières premières déjà existantes qu’ils transforment. Comme par exemple Anaïs Dautais Warmel, fondatrice de Les Recuperables, qui, « pour [s]’approvisionner, récupère des matières non conformes, du linge de maison vintage via Le Relais et des fonds de rouleaux des marques.»

Le coton étant une fibre peu écologique et ne poussant pas en France, Thomas Huriez a une autre idée « On dispose d’une manne de coton extraordinaire à partir de vieux vêtements ». Et d’ajouter « Tout l’enjeu, c’est de concurrencer des millénaires de développement de la culture agricole du coton avec quelques années de R&D intensives et d’industrialisation de production de coton à partir des vieux vêtements.»

Et la boucle est bouclée quand, au terme du processus, le jean est produit avec un fil composé à 100% de vieux jeans recyclés !

Et Thomas Huriez de conclure : « Il n’y a rien de plus engageant pour un consommateur que d’avoir la possibilité de ramener un jean et d’en racheter un issu de ce même jean qu’il a ramené ! ».

Faire mieux avec moins

Selon un rapport de la Fondation Ellen MacArthur, l’économie circulaire pourrait permettre à l’Europe de générer un bénéfice net de 1 800 milliards d’euros d’ici 2030, soit 900 milliards d’euros de plus qu’en suivant le modèle de l’économie actuelle.

Le « fabriqué en France » et les nouvelles proximités sont clés pour redynamiser le secteur. Le modèle semble économiquement rentable puisqu’en reconsidérant toute la chaîne de valeur, on trouve des équilibres via une optimisation des coûts sur l’approvisionnement des matières premières, sur le transport et la gestion des flux et des déchets. Une géographie de l’approvisionnement à ne pas négliger puisque comme nous le dit Bruno Nahan « la crise du Covid a montré la nécessité de revoir les sources d’approvisionnement, de travailler sur la traçabilité des produits».

Les consommateurs, quant à eux,  sont en forte demande d’une transparence et mise en valeur sincère de la chaine de valeur. Preuve en est, les applaudissements récoltés par Bruno Nahan lorsqu’il déclare : « Ce sont des mouvements de fond. Les grandes marques ne peuvent pas l’ignorer. On demande des marques qui auront un discours de bienveillance et de sincérité. Pas seulement [des marques qui mettront] des millions et des millions en sponsoring avec la dernière star du showbiz ou le dernier sportif [en pensant] que c’est suffisant pour capitaliser sur sa marque.  Les industriels ne peuvent plus jouer sur la culture du secret

« Le vêtement aura un rôle social et environnemental, il faut penser au vêtement qui dure » conclut Marc Pradal.

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